Quand la SABAM comprendra-t-elle Internet ?
Bruxelles, 30 août 2010 - Le collectif Hadopi Mayonnaise prend acte des déclarations de la Sabam1, relayées par la presse2, qui fustige la campagne de Telenet mettant en avant le « Top 25 de ses clients les plus gourmands en téléchargement ». L’organisation y blâme entre autres l’« approche commerciale indécente envers les milliers d’artistes créateurs belges largement frappés par les effets néfastes de la piraterie et de l’internet illimité. »
La Sabam réduit comme à son habitude l’utilisation d’internet à l’illégalité. Cet amalgame est infondé et dangereusement réducteur. À l’écouter, l’internaute est forcément un criminel qui nuit gravement à la santé financière des artistes. En effet, à l’heure actuelle, un nombre croissant d’utilisations parfaitement légales d’internet consomme énormément trafic. Nous pensons par exemple au téléchargement légal, principalement de jeux vidéo (via des plateformes de distribution en ligne légales comme Steam), à la télévision numérique par internet en haute définition, aux services de vidéo en streaming (Youtube, Dailymotion, Vimeo…), à la mise à jour de logiciels imposants, à l’hébergement de services web à domicile ou au téléchargement de logiciels et médias libres de droits (écoute en ligne des radios de la RTBF, iTunes) . Nous affirmons qu’il est parfaitement possible d’arriver à une telle quantité de téléchargement sans pour autant se livrer au partage d’oeuvres sous copyright.
La réaction de la Sabam prouve encore une fois, si cela était nécessaire, son incompréhension des enjeux de l’internet en Belgique et de l’utilisation qui peut être faite des nouveaux moyens de communication. Offrir des connexions à internet sans limite de transfert de données n’est pas une ouverture à l’utilisation illégale de cette connexion. Il s’agit simplement de rendre possible l’utilisation normale des dernières technologies disponibles et des nouvelles offres légales. N’oublions pas que c’est grâce à ces possibilités de diffusion massive de contenus multimédias que de nombreux artistes ont aujourd’hui la possibilité de se faire connaître et reconnaître dans une industrie de l’édition culturelle de plus en plus oppressante.
Comme le rappelle Antoine Nélisse, porte-parole d’Hadopi Mayonnaise : « Les artistes et créateurs ont la possibilité de profiter d’un nouveau mode de diffusion et de promotion de leurs œuvres, mais ceux qui prétendent les représenter sont en train de perdre du terrain en considérant les internautes comme les ennemis de la création artistique. Il est encore temps pour eux de prendre le train en marche, mais il faut pour cela qu’ils acceptent l’évolution des pratiques de consommation et cessent de se poser en victimes. »
Références
1 : Communiqué de presse de la SABAM : Telenet a une approche commerciale indécente
2 : Internet illimité de Telenet: la SABAM indignée (RTBF.be)